Monographies
Port-Royal et saint Bernard de Clairvaux (1608-1709)
Paris, H. Champion, coll. « Lumière classique », 2010.
Prix Victor Cousin 2011 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques
Depuis Sainte-Beuve, Port-Royal est un objet d`étude dont la cohérence n`est guère contestée. Pourtant, il semble difficile de définir ce qui fait son unité, au-delà des seuls liens de famille et de parti. Une source permet de mieux comprendre ce mouvement intellectuel et religieux étroitement lié à un monastère de cisterciennes : saint Bernard (1091-1153). "Père" des religieuses, mais aussi "dernier des Pères de l`Église " confirmant la doctrine de saint Augustin, l`abbé de Clairvaux est le modèle d`une réforme à la fois morale et théologique, à la croisée de la tradition monastique et de l`augustinisme défendus à Port-Royal. Cette étude est également une synthèse inédite sur saint Bernard au XVIIe siècle. De manière surprenante au regard de l`opposition canonique du Moyen-Âge et des temps modernes, l`abbé de Clairvaux apparaît comme l`une des effigies du catholicisme classique. Méditée par les grandes figures de l`époque, comme Bossuet, Fénelon, Mabillon ou Rancé, son œuvre est une autorité dans des domaines aussi divers que la théologie (grâce et libre arbitre), la mystique (amour de soi et amour de Dieu), l`ascétique (l`obéissance), la spiritualité (l`oraison), l`exégèse (l`interprétation allégorique des Écritures), la rhétorique (l`éloquence biblique), l`anthropologie spirituelle (le socratisme chrétien). Au XVIIe siècle, les interprétations des écrits bernardins divergent mais sont fondées sur des cadres conceptuels communs, étrangers à la pensée des moines médiévaux. La lecture d`une œuvre considérée comme la quintessence de l`esprit des Pères conduit ainsi à des synthèses profondément modernes. Le retour aux sources revendiqué par le catholicisme classique est paradoxal : l`apogée patristique est aussi une rupture dans la tradition issue des Pères.
Le Mystère théandrique.
Action de Dieu, action de l'homme dans l'œuvre du salut,
Paris, H. Champion, coll. « Essais », 2014.
Comment penser que Dieu et l’homme agissent ensemble, l’un par sa grâce, l’autre par sa liberté, sans réduire l’action divine au profit de l’action humaine, ou l’inverse ? Le catholicisme moderne n’a cessé de buter sur cette question. En confrontant des auteurs antiques (saint Augustin, saint Maxime le Confesseur, saint Benoît), médiévaux (saint Bernard, Guillaume d’Ockham) et modernes (Molina, Jansénius, saint François de Sales), cet essai montre l’occultation d’une intuition fondamentale : Dieu et l’homme font chacun la totalité de leur œuvre commune, parce que le Christ est vrai homme et vrai Dieu. Théologiens et spirituels ont cherché à établir la part de Dieu et la part de l’homme dans la vie de l’âme, contribuant ainsi à l’émergence d’une anthropologie où la référence à Dieu devient inutile.
L' Apocalypse janséniste.
Port-Royal et la défense de la vérité,
Paris, Cerf, coll. « Patrimoines », 2023.
De ses origines à ses dernières manifestations publiques, le jansénisme est un mouvement apocalyptique, fondé sur la croyance en l’obscurcissement général de la vérité dans l’Église à l’approche de la fin des temps. Selon cette doctrine forgée à Port-Royal, plus l’Église s’éloigne de son origine, plus elle tend vers la fin du monde, plus elle intègre en son sein le combat de la vérité et de l’erreur. Dieu assure la perpétuité de la foi en lui suscitant quelques défenseurs prêts à mourir pour l’amour de la vérité. Leur persécution par les autorités ecclésiastiques, les figures bibliques, le corpus de la tradition, les miracles sont autant d’instruments d’un jugement eschatologique par lequel Dieu discerne les élus et les réprouvés, révélant sa vérité aux uns, enfermant les autres dans les ténèbres de l’erreur. Il revient aux défenseurs de la vérité de souffrir pour maintenir la vraie foi dans l’Église, malgré l’obscurité qui la recouvre, jusqu’au dernier jour. À l’approche de la fin des temps, ils donnent à voir la vérité du Christ à ceux qui lui appartiennent, oeuvrant ainsi à une révélation – à une apocalypse.
Le Jansénisme. Une théologie,
Paris, Cerf, 2024.
Le jansénisme se confond-il avec la théologie augustinienne de la grâce, que l’Église catholique aurait condamnée sans se l’avouer ? N’est-il qu’un nom désignant des doctrines diverses et sans unité ? Est-il principalement politique, le dogme étant une question accessoire, voire un prétexte ? Est-il insaisissable hors des propositions qui ont servi à le condamner ?
À rebours des thèses qui ont contesté la légitimité ou la pertinence d’une étude théologique du jansénisme, Simon Icard présente une doctrine spécifique, fondamentale et continue défendue par Jansénius et ses disciples, comme Pascal. En étudiant leur conception de l’attribution des mérites avant et après le péché originel, il met au jour les difficultés du catholicisme moderne à penser une oeuvre commune à Dieu et à l’homme qui soit à la fois totalement divine et totalement humaine.
Le Jansénisme. Une théologie,
Paris, Cerf, 2024.
Le jansénisme se confond-il avec la théologie augustinienne de la grâce, que l’Église catholique aurait condamnée sans se l’avouer ? N’est-il qu’un nom désignant des doctrines diverses et sans unité ? Est-il principalement politique, le dogme étant une question accessoire, voire un prétexte ? Est-il insaisissable hors des propositions qui ont servi à le condamner ?
À rebours des thèses qui ont contesté la légitimité ou la pertinence d’une étude théologique du jansénisme, Simon Icard présente une doctrine spécifique, fondamentale et continue défendue par Jansénius et ses disciples, comme Pascal. En étudiant leur conception de l’attribution des mérites avant et après le péché originel, il met au jour les difficultés du catholicisme moderne à penser une oeuvre commune à Dieu et à l’homme qui soit à la fois totalement divine et totalement humaine.